Révolte en langue contrôlée

Aux bien assis se gaussant de la pauvreté orthographique de quelques gilets jaunes (et d'autres) dans l'expression de leur détresse, du ras-le-bol, de l'épuisement des goussets et l'exaspération s'en suivant :

Cela voudrait-il dire que ceux qui n'ont pas eu de Bescherelle ou pas eu la joie de l'ouvrir, le livre, ne pourraient souffrir ou alors devraient-ils tout supporter en se cachant, en se taisant, (en faisant vite peut-être, pauvres Martin ; qu'ils creusent discrets et se couchent sans bruit) ? Voilà qu'ils n'auraient alors pas le soulagement de l'ouvrir, la bouche par la plume, pour se plaindre.

Ne faudrait-il pas s'étonner qu'ici, dans ce beau pays de France, la langue n'arrive pas partout jusque dans les plus fins interstices des grains de sable que nous sommes, comme le ferait une belle eau vive - qu'elle est pourtant ? Que s'est-il donc passé pour qu'on entretienne ces carences ?

Que se passe-t-il maintenant pour qu'on en arrive à toiser la misère quand elle partage la langue et la bourse ? Faut-il ce mépris et s'arroger le droit de reléguer l'appel au nom de sa forme dans le fond devenu, lors, indifférent ? Serait-ce encore une histoire de confusion entre la lune et le doigt ? J'ai des craintes.

Dites-moi, la révolution, doit-elle se passer à la pause entre midi et deux sans dépasser du bord du trottoir autorisé et pourvue d'un diplôme de langue appliquée ? Je m'interroge.

Marie HURTREL