Ornements

En autre temps, on savait qui était qui grâce à ses fringues. Et gare à qui endossait les nippes d'une autre corporation que la sienne, d'une autre caste, d'un autre clan, surtout sans maîtriser les indices subtils des appartenances. Au risque du ridicule qui tuait encore ou à l'amende et l'effondrement s'en suivant. 

Il semble que depuis la première feuille de vigne, l'humain passe son temps à se planquer derrière des appâts rances. Avec en bandoulière la première honte du soi. La première comparaison. La première distance. La première désespérance. 
Le premier froid, la première faim, avec leur système D pour un sauvetage d'abord égocentré. 
Et la première compétition. 
Et la première filouterie. Un jardin fleuri d'une couleur unique afin de cacher le désordre et les mensonges du jardinier. Quand on vous impose l'uniforme au nom du multiple stérilisé qui serait soudain garant de votre vérité.
Omettant de dire que l'uniforme thérapeutique peut aussi tuer.

Nous ne nous débarrasserons jamais des pillards, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Avec ou sans ornements. Le plus souvent avec. Ils sont les meilleurs alliés de nos crédulités, de nos paresses, de nos bêtises - si touchantes et gentilles soient ces qualités, elles ont la puissance de tuer, elles aussi. 

Des raisons de survie à l'argument trompeur qu'elle devient pour les angoissés du vide nu et les constateurs des peurs et de l'obéissance induite leur justifiant un dol que d'aucun naïf perçoit comme d'intérêt général du moment qu'il en tire une rassurance immédiate par la pincée de sel rehausseur sur le plat affadi de sa vie.

Cela étant, même si l'habit n'a jamais fait le moine, il le fourre en catégorie.

Deux suivent, le troisième dort encore dans sa penderie.

M.H.