Le bruit du vent
Vous avez usé la patience, la rendant telle de vieilles semelles percées.
Sachez qu'il nous sera plus facile qu'à vous de marcher nus pieds.
Vous avez abusé la confiance, corrompant ses fondations comme un fleuve acide rongeant ses pilotis.
Sachez que nous nous asseyons sur vos artifices, nous empêchant ainsi de couler dans ce qu'ils cachent.
Vous avez usé du mépris envers le peuple,
à l'égal d'un couard toisant la peste qu'il voudrait lui faire avaler.
Sachez qu'on ne peut forcer à déglutir qui est trop écoeuré,
recrachant alors la potion à la face de l'empoisonneur.
Vous voulez faire avaler la peste au peuple, pour justifier sa mise sous tutelle.
Sachez qu'acculé, le plus peureux des chevaux sauvages fait face et se cabre afin de protéger le groupe
et qu'aucune chaîne à ce jour n'a tenu assez longtemps sans être rompue.
Vous avez abusé de l'insulte afin d'écraser les cris, ainsi que la peur balayerait la misère sous le tapis.
Sachez qu'à force de taper sur un dos déjà courbé, il finit toujours par se redresser.
Vous avez vendu le bien commun et taxé le commun pour sa perte.
Sachez que l'aliéné n'est pas forcément le commun qu'on croit.
Vous n'êtes pas l'Immanuel, nous ne l'avons jamais cru.
Vous n'en avez même jamais eu l'odeur et vous le savez.
C'est raté pour le masque, les relents sous la gangue percée vous ont rapidement trahi.
Chut, juste trois secondes, écoutez.
Ecoutez, je crois que le vent s'est levé.
Marie HURTREL