Des Combats
La loi de la Nature est équilibre et si elle paraît cruelle c'est qu'on voudrait couper le lien entre les espèces et décider de qui a des droits et qui n'en a pas (ce n'est pas le chevreuil qui traverse la route devant les voitures, c'est l'homme qui s'est octroyé le droit de passage dans le domaine du chevreuil en refusant les conséquences). Parce qu'on s'est choppé une sorte d'intelligence qu'on a transformé en substitut de conscience. Conscience reléguée quelque part, pas trop loin afin de s'en servir de temps à autre de référence et de justificatif mais, pas trop près parce que ça pique vraiment beaucoup.
Nature cruelle ? mais, le loup et les autres carnassiers ne font pas d'élevage en batterie, ne lâchent pas des gibiers à plume élevés afin de pouvoir les tirer comme des disques d'argile, ne plongent pas des crabes vivants dans l'eau bouillante, ne détruisent pas le foie des oies et des canards, ne broient pas des poussins vivants, n'aspergent pas tout ce qui les dérangent de produits toxiques, etc. et ne mettent pas des barrières entre les domaines naturels.
L'homme est désespérément en recherche de pouvoir, de domination, il a une faim irrassasiable qui est complètement sortie de la nature, sortie de sa propre nature même. Parce qu'il n'a plus de pensée vitale. Et ce n'est pas d'hier. Si l'on n'avait pas industrialisé la nature et l'alimentation, il n'y aurait pas de vegan.
Certains cherchent ce qui ne va pas au fond d'eux-mêmes, il leur faut un combat qui paraisse plus en accord avec ce qu'ils imaginent de la nature ; parce que l'homme veut des combats et les a toujours voulu pour la survie de son espèce - comme tout être vivant animal ou végétal, le premier combat était pour rester en vie, comme celui de la biche contre le loup, du chêne contre le lierre... l'espèce n'étant plus menacée, c'est le combat qui l'intéresse pas les enjeux, pas l'aboutissement. Parce que combattre c'est respirer, c'est vivre.
C'est parce que l'homme n'a plus de combat pour la survie de son espèce qu'il s'est engagé dans celui de la longueur des jupes et de la taille des piscines, celui de qui a la plus grande ou du droit à ne plus en avoir, celui de lever un drapeau aux ordres sans chercher ce que ses couleurs maquillent, celui du droit à nier ce qu'il est par nature. Assis sur le refus de traverser le miroir.
Devenu esclave de son néant il plonge irrémédiablement vers la destruction de l'humain en croyant se libérer de ce qui le tient réellement en vie.
Nous sommes devenus nos propres gibiers.
Esclaves de ce que nous avions destiné à nous libérer et nous protéger.