Bonne continuation en enfer

On commence à réfléchir après avoir saccagé, on pourrait le faire avant (on aurait pu, on devrait, on devait). Anticiper vaut mieux que tenter de réparer. Observer la nature et la suivre vaut mieux que de la bricoler afin de la faire plier à ses désirs et se faire croire qu'on maîtrise les temps et la dite nature (méfiez-vous, ce sera toujours elle qui gagnera et vous n'êtes pas sa priorité).

Il me semble me souvenir qu'en un temps on a coupé des arbres le long des routes... parce que les dits arbres se jetaient sur les voitures et créaient des accidents... Entre autres inepties. 

"Il faut bien" ; "il faut protéger l'humain de lui-même, quitte à dévaster son lieu de vie" ; "on ne peut faire autrement, question de finances" ; "faut bien manger" ; "faut bien réussir" ; "résister, oui mais..." ; "oui, mais..." ; "oui, mais..." ; "oui, mais... à condition que rien n'entame MA considération de MES conforts et gains entretenant mon confort, mes envies, mes désirs, mes lubies" ; "il y a des animaux nuisibles, il faut les détruire si l'on ne peut les manger" ; "il y a des plantes nuisibles, il faut les détruire si elle n'apportent pas de gains financiers" ; "il y a des soins donnés par la nature mais, il faut les oublier s'ils ne sont pas monnayables" ; etc.

Tant que l'humain fera de lui-même sa priorité pour son confort et sa paresse (autant physique qu'intellectuelle), il n'aura ni confort ni repos, tout ce qu'il fera lui nuira autant que cela nuira à son biotope, et il n'en a qu'un, la Terre. L'humain aura beau essayer de maquiller les conséquences de ses actes et choix ou mettre des rustines sur les dégâts collatéraux de ses oeuvres ; il aura beau clamer un mea culpa - plus ou moins sincère ; il aura beau accuser l'un et l'autre, le temps, sa crotte, les chats, l'essence, le voile, l'élection, son humanité, sa faiblesse et celle des autres, la force des autres, la grotte platonique des autres ; tant qu'il croira qu'il se veut du bien à lui-même en confiant le bien de la nature (la sienne et la majuscule) à ses seules préoccupations temporelles et en déléguant sa réflexion et ses choix à qui suce le pouvoir par l'individualisme et à qui fait du pouvoir son graal ; tant que l'humain n'ira pas voir ce qu'on lui cache ; tant qu'il acceptera de manger à la table de ses propres funérailles, il fera de la Terre un désert lunaire et de sa vie un objet dont quelques-uns se sont proclamés sournoisement propriétaires sans qu'on ne leur barre la route ni ne refuse de les suivre.

Bonne continuation en enfer.

Marie HURTREL