Lettre à vœu
Prends mes heures
Et lis-les au coin du feu mis à mon âme
Je te parlerai du corps aussi
Que les flammes lèchent infiniment d’envies innommées
Nommables
Ce n’est pas une demande
Pas une prière
C’est une lettre que j’envoie au néant
Pour ne pas attendre un mot en retour
D’amour
De flamme
Porte qui claque
Sur mon sang
Sous le son de ta voie
Dévoie
Voix ultime
C’est à toi que je parle
Mais au vide absolu que j’adresse ainsi les miens
Mes mots
Les inutiles émanations poétiques de mon cerveau
Travaillant à éteindre cet esprit malmené de désirs vains
Dits vains
Divins
De l’autre côté de l’absence
J’entends un gémissement
C’est mon espoir qui se couche
À l’hôpital de l’amertume où j’ai bu
Ton vin de patience
Abstinence
Ah
Je crois
Parce que l’espoir est un projet mal ficelé
J’écrase au fond de l’air du temps ce que j’imagine
Et je tente les certitudes
Absurdes
C’est un remous qui remonte
Un tourbillon qui me plonge
Et je me noie dans un lendemain qui s’égare
À l’hôtel des désirs
Souvenirs
Encore sombre
Mon encre s’ultimise et cultive
Les fleurs de mes tombeaux intimes
Invisibles
Mes riens qui se creusent ont un nom à écrire
Au bord de mes reins qui se voutent
Doutes
Et
Puis
Du fond de l’étrange
Parce que j’ai à dire et encore plus à attendre
Et entendre
Je reprends à l’impossible pour écrire l’inconcevable conçu
Sous les ailes de la liberté
Dissymétrie
J’ai ouvert les yeux et vu le dessin de mon chemin
Sur une terre aride
Un désert
L’horizon découpé de bivouacs
Pas d’oasis
Juste le goût de l’eau de rare en rare
En rien
Mais
Je veux demain plein comme un œuf
Qu’il soit comme un panier de pommes du jardin des poètes
Des jours débordant de jonquilles et du chant des alouettes
Dans les saisons qui se mêlent
Je veux la caresse sans cesse des vagues salées
Sur mes chevilles nues
Un océan de tendresse
Je veux une main à prendre et tout à donner
Avec mon âme vouée
Je veux croiser des rêves d’un monde changé
Illégitime
Légitime
© Marie Hurtrel
texte déposé n°UGZ229B