17 novembre 2015
Le jour tombe ici ; c'est la grisaille de novembre dans un froid encore trop timide.
Dehors on entend le petit carillon de mon jardin secoué par le vent. Un chat est parti en vadrouille, l'autre est calé sur mon bras et se demande ce que je fais avec cette chose lumineuse sur laquelle je tapote. J'écris.
J'ai oublié d'éteindre la lampe sous la terrasse hier, le jour s'affaissant me le fait remarquer.
Envie d'un café, de rouler un clope et d'écouter le silence. Il a une étrange texture, de ces silences où on laisse partir toutes les raisons de l'avoir tenu. Il me rappelle un livre mort qui avait dérivé longtemps avant de rencontrer le gouffre où il s'est jeté, pages et encre liées, pour être rejeté ensuite sur une plage déserte inaccessible et contaminée. Le silence.
Toutes les morts sont nucléaires et leur irradiation toxique.
L'humain est un ermite grégaire.
L'Univers n'a aucune imagination, il ne fait que des duplicatas à diverses échelles.
La nuit est là maintenant. On devine l'humidité de la route au son des pneus sur le bitume.
Des phares viennent percer les voilages soigneusement tirés sur l'inconsistance du village.
La vie est une rumeur de la mort.
La mort est, de la vie, une clameur de haro.
Le silence fait son bruit comme la vie son indifférente au seuil de la mort, ils baladent leurs échos.
On n'entend ni l'un ni l'autre.
Il pleut.
Marie HURTREL