Traitement du co-vide
Par la peur du diable.
Puisque nous avons accès à la connaissance, il faut nous rendre fou car personne ne croit le fou et le fou meurt, on vous le dit, sous les coups de boutoirs du diable qu'on accuse de nous détourner du bord de la piscine en crevant nos bouées pour nous apprendre à nager alors que nager est réservé à l'élite ayant enfilé le masque de saint Georges par dessus celui de guignol armé du bâton de la peur lacrymogène et de la suspicion en polyéthylène téréphtalate près de tomber sur nos courges halloweenienne que la dite élite attend de consommer à même la soupière à pisse comme les chemins du livre* quand Nouga dévoile le fond de l'âme humaine en proie à l'envie de brûler la chandelle par grand vent au risque d'incendier et l'âme et sa proie.
Par la peur de l'enfer.
On nous apprend la honte d'avoir une pensée originale, et la honte c'est l'enfer, et l'enfer c'est l'autre ; et l'autre c'est le tueur par désobéissance par négligence par l'inconscience par le refus d'abdiquer son raisonnement pour enfiler la capote élyséenne sur son cerveau mal calibré selon les normes stabulatoires gravées sur les chèvres (pas celles qui broutent, allons) des bûcherons des dix manches bossant devant un parterre de poules emmanchées des coûts des taux comme instruments de mesure du flux de chaleur du feu du dit enfer.
Par la peur de la mort.
Si le diable et l'enfer n'existent pas, la mort est déchue. Point clef à visser fort afin d'ancrer la croyance en la camarde afin que la mort continue d'être le but absolu à ne pas atteindre même si sachant que la nier ne l'absente point et la vénérer ne la matérialise guère davantage et afin d'outrager le constat scientifique d'un intérêt momentané du corps et d'enfoncer la certitude de la conception aléatoire et à durée limitée du corps exclusif dans son action dans le temps par la pourriture finale hissée comme résultante de la vanité des angles de la résistance.
Alors s'articulent les deux premiers éléments du traitement du co-vide humain sur l'engrenage morbide de la renonciation à porter son fagot seul afin d'éviter de le partager avec un plus faible dont on validerait alors l'existence au risque d'en perdre une tranche de vie ou sa place durement acquise dans la file et foule consommatrice du bouillon morphinique de onze heures ou pire avec la mort elle-même en tant qu'entité miscible avec nos velléités d'exister et malgré l'usure à défaut de l'usage hors calibre du cerveau quitte à servir les veaux qu'ils soient d'or ou du ferrocérium qui fait des taxes au nom d'états que ces veaux fumants engendrent au fond des cendriers réceptacles aux alcalis que la lixiviation de ce qu'il reste de nos neurones produit.
Marie HURTREL
21 septembre 2020 à 14:14
*(livre : Chemins de pisse, de Jean-Marie Nouga)