Réponse à Dom Pateau
Après la lettre venant de l'abbaye de Fontgombault, du 18 février 2014, adressée à tous les habitants du village.
Dom Pateau abbé,
Tout d'abord, cette réponse est personnelle, hors quelconque groupe, libérant au mieux possible la pensée d'une emprise qui put être reconnue politique ou dogmatique, en manie de rites en une religiosité, toute chose donc qu'il ne pourrait être séant de transmettre en aveugle ou délabrant d'intention, et qu'il ne m'est point utile de définir, non plus d'exposer.
Chacun sa chape, chacun ses clefs et la lourdeur de sa porte.
Il est peut-être juste que vous vous sentiez la cible d'un combat politique, alors qu'ailleurs nombre de communes ne prennent aucun temps et ne portent pas toujours importance à qui habite réellement ses murs et qui en est parti pour ne revenir que parfois et peut-être à l'occasion d'un scrutin. Nous pourrions supposer que la négligence vient du fait que peu se déplace de loin ou donne procuration pour venir glisser un bulletin dans une urne oubliée. Est-ce que la plupart des exilés de leurs cités s'attachent à se mêler encore de choisir qui la gère ? Un doute survient... les abstentionnistes (ceux du hasard) ne sont-ils pas une grande part d'entre-eux (les exo-administrés) ?
Le choix de demander la radiation des moines en villégiature à Wisques vous paraît politique, un jeu pour gagner des sièges au Conseil municipal. Sans doute. Mais, voyez-vous, cela paraît à mon regard et mon esprit, de bonne guerre. Vous pesez, ne dites pas non, sur l'esprit du village, en tant que référence morale, religieuse, politique, pour une bonne part des habitants et pour l'actuel Conseil municipal et le maire depuis plus de trois décennies.
Ceux qui ressentent ce poids veulent peser à leur tour dans une balance plus juste en terme d'élections, pour que ceux qui ne se sentent pas concernés par vos croyances, votre morale, vos définitions politiques, aient le sentiment de pouvoir participer aussi aux intentions de la commune, de choisir autrement. Ne manquant pas plus que vous de morale, pas plus que les conseillers municipaux actuels d'intention de gérer le village au mieux - la religion s'excluant de fait de leurs intentions, nous parlons de vie en république française en 2014 - ils ont demandé d'appliquer ce que la loi normalement implique ; nous nous comprenons.
Si dans d'autres communes personne ne prête attention aux domiciliations, c'est que le départ avec ou sans radiation ne pèserait pas. Enfin, disons que tout dépend du nombre de votants. Et d'une ville à l'autre, cela doit bien s'équilibrer. Même si les moines votent librement, nous pouvons avoir une impression d'influence forte sur leurs choix... pour être juste, je crois qu'ils ne seraient pas à Fontgombault s'ils pensaient un vote pour une liste différente, l'idée ne leur serait sans doute pas venue d'entrer à l'abbaye. Ne croyez-vous pas ?
L'abbaye n'est pas visée pour être expulsée ni je ne sais quoi d'aussi aberrant qui flotte dans les propos sur Fontgombault, il s'agit du sentiment du "prêt à voter" comme "à penser sous influence". Je crois, que les élections prouveront simplement s'ils ont eu tort ou pas de demander d'examiner le lieu de résidence effective des moines partis. Cela participe d'une logique numérique.
Maintenant, vous évoquez vos lois internes, vos règlements, c'est logique aussi, mais tout ordre qui vit en république doit bien se plier aussi aux lois et règlements externes, ceux de la république, non ? Et peu importe si quantité de communes ne pointe pas du doigt pareillement les absences à long terme. Un an, dites-vous, pour se stabiliser et savoir s'il est bon de rester en un lieu, la république dit moins que cela, et c'est bien elle qui passe avant puisqu'elle gère les listes électorales qui ne sont pas d'autre ordre que celui de la cité. Nous parlons politique, n'est-il pas.
Une réflexion me vient, vous relisant, vous n'avez pas tort que les gourous (dans l'acception négative, s'entend ici) ne sont pas forcément où l'on pense, le propre du gourou étant d'embobiner les esprits, c'est souvent bien tard que l'on découvre l'emprise, le gourou est un fin psychologue (c'est la compétence cruciale de son "métier"), il se doit d'être bon stratège en faits humains, dit-on. En psychologie, justement, cela porterait un autre nom, je crois.
J'ai apprécié votre courrier aux habitants, il est clair et vous savez défendre vos pensées, qu'elles plaisent ou pas, cela change des délibérés et autres lettres aux fontgombaldiens venues de la mairie. Votre lettre est ferme, mais elle est propre, quoi qu'on en pense.
Vous aspirez à la paix, que le village redevienne serein. Je ne le vois pas tellement changé, Fontgombault est calme vue de ma fenêtre - mais, sans télé chez moi, je ne vois sans doute pas tant d'animations que vous le dites -, les quelques journalistes faisant leur travail normalement ne changent pas la paisibilité du lieu. Sans doute voudriez-vous qu'on ne parle plus du village dans la presse, ni du Conseil municipal et sa sortie du cadre, c'est compréhensible car peu propice à la méditation, mais, pour cette paix troublée, il faut en faire reproche au générateur et non à ceux qui réagissent et ceux dont le métier est d'informer le monde.
Quand je veux faire un cadeau, je m'enquiers des goûts, des penchants, des façons d'appréhender qu'on peut le plus aisément percevoir chez le destinataire. De sorte à ni blesser ni embarrasser le doté.
Imaginons le rôt fumant dans son jus déposé sur la table végétarienne en guise de bonne entente... Que l'on tue pour entretenir son estomac et ses hanches peut paraître carnage de l'autre côté de ces considérations.
Mais, il est si vrai qu'une prière ou une intention quelconque n'étant pas entendues physiquement depuis les foyers où elle s'adresse, n'entame que peu de choses d'autrui, hormis si l'on a subi des dégâts du fournisseur d'offrande.
Ainsi, comme un cadeau (d'espérance semble-t-il) vous faites entrer les habitants du village dans vos prières, peut-on supposer qu'aucune sélection des méritants ne soit ; ainsi, je vous en remercie, et ainsi il me paraît juste et aimable de vous rendre la sympathie en souhaitant que tous les vôdouns vous portent constamment clairvoyance.
Marie Hurtrel
Fontgombault, 22 février 2014
Lire sur le site de la Nouvelle République :
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/Politique/n/Contenus/Articles/2014/02/25/L-abbaye-calme-le-jeu-1809169
http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2014/02/25/Les-moines-de-Fontgombault-sortent-de-leur-silence-1808723
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