Paniques utiles
Pourquoi nous mentirait-on seulement sur certaines choses et pas d'autres, alors le doute est grandement permis et la distance absolument nécessaire.
Mon scepticisme ne se porte pas - entre autres - sur le réchauffement climatique mais sur l'usage qu'on en fait. La panique climatique (comme la panique virale ou la panique guerrière) est un des outils de rapport et de contrôle aussi. Donc il faut entretenir la panique et la culpabilité des individus sans privilèges (c'est-à-dire les gueux, la masse, la "popu-lasse", les riens, les sans-dents, ce "bas peuple" dont certains se croient heureusement exclus grâce à leurs richesses, leurs diplômes, leur entre-soi, leurs modes, leurs étiquettes, etc. chacun son sentiment d'appartenir à une caste - que ceux-ci se méfient, les sectes aussi savent se débarrasser des emmerdeurs- ).
La culpabilité est l'accoudoir du pouvoir.
Le climat change, déjà c'est un effet naturel, les climats ont changé souvent pour ce qu'on sait de l'histoire de la planète, et l'axe de cette boule minérale a, lui aussi, varié et variera encore. Certes, l'activité humaine outrancière est nuisible et n'arrange ni l'inconfort immédiat ni celui pressenti. Si l'humanité disparaissait, il ne faudrait pas longtemps pour que la nature retrouve toute sa place et sa logique et qu'il ne reste que quelques vestiges de nos civilisations vite utilisés par faune et flore, comme les épaves du fond des mers le montrent.
Mais ! Qu'est-ce qu'on veut nous faire accepter ? Trop de choses s'encastrent à la perfection qui n'ont en apparence aucun lien ou très peu et pourtant semblent faire partie d'un système de gestion de troupeaux en stabulation pas si libre qu'on nous le fait penser. Le puzzle est trop simple pour être innocent.
Du penser au croire, il n'y a qu'un saut de télécommande.
On a fait de la terre une déchetterie géante mais qui est ce "on" ? Est-ce l'individu négligent et égoïste ? Et pourquoi est-il négligent et égoïste ?
On l'accuse du gaspillage qu'on lui impose.
On le harcèle pour qu'il jette et rachète, pour qu'il voue un culte à des marques et à l'éphémère, pour qu'il mange des produits calibrés et sans taches voire imputrescibles (exemple : des poires naturelles une fois coupées noircissent en quelques minutes, j'en ai achetées un jour dont les trognons jetés sur le compost étaient toujours aussi blancs qu'à la coupe, quatre jours plus tard... il n'y a pas un problème là ?).
On le harcèle aussi pour qu'il trouve justifié que tout soit immédiat, automatique, sans intervention humaine ou le moins possible, en lui faisant croire qu'on le décharge d'une peine et d'un ennui qui ne seraient pas humains et plus naturels. Mais, la nature et la vie sont l'effort même ; aucune graine ne se transforme en plante sans effort, aucune vie ne vient au monde sans effort (et je ne parle pas de la douleur liée, simplement de l'effort). Un papillon qu'on aiderait à sortir de sa chrysalide en obtiendrait des ailes si fragiles qu'il ne vivrait pas plus longtemps que de le dire car ne pourrait pas s'envoler, seul l'effort de sa naissance au monde des insectes donne la force à ses ailes de se déployer vigoureusement et rapidement.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faille toujours laisser tout le monde se débrouiller tout seul en laissant sur le bas-côté les plus faibles, non, c'est ne pas créer des fragiles dont la survie ne tient plus qu'à la cloche qui les emprisonne au nom d'une sécurité qui ne serait que carcérale. Qui contrôle cette cloche peut la retirer selon sa volonté et son pouvoir alors consacré de vie et de mort sur l'être qu'il a rendu outrageusement dépendant et ne vaut que par le rapport à en tirer. Aucun être n'est inutile mais il y a des êtres qui rapportent à la jouissance du pouvoir et d'autres pas.
L'autonomie est la hantise du pouvoir.
On fait haïr à cet individu ce qui sort du cadre en lui inventant de multiples cadres parmi lesquels il doit choisir le sien. On lui fait nier les différences en lui décernant une différence. On lui fait haïr la liberté au nom de la liberté.
On veut le forcer à entrer dans un clapier connecté, et il y entre avec une soumission heureuse, se délestant du pouvoir sur lui-même qu'on lui a fait définir comme la charge inadmissible. On veut le ramener à l'âge de la dépendance absolue, celui des couches et des babils immatures.
La maturité est la hantise du pouvoir.
On lui inocule la peur afin de modifier ses choix. Il doit suivre le conduit unique qui le mène tout au long d'une vie sans surprise, mécanique et rentable. Un troupeau dans un pré entouré d'une clôture électrique et qui aura pris quelques décharges douloureuses ne s'approchera plus du fil électrifié, si bien qu'on pourra couper le courant sans qu'il ne tente plus de s'approcher des limites de son enclos. Un nouvel arrivant pourra imposer qu'on réactive la clôture un temps mais souvent c'est le comportement du troupeau déjà formé à l'obéissance qui rendra le nouveau aussi respectueux des limites que les autres individus. Si par hasard l'un d'eux n'entre quand même pas dans l'ordre et le rang, il sera facile de l'abattre ou mieux encore, de le faire exclure du groupe par le groupe lui-même lui interdisant l'accès à la mangeoire et à l'abreuvoir jusqu'à ce qu'il s'étiole et meurt de faim et de soif.
La confiance en soi est la hantise du pouvoir.
On lui demande de réduire ses utilisations, en les rendant si coûteuses qu'il n'a pas d'autres choix que d'accepter de modifier ses besoins en fonction des produits et services qu'on lui propose afin de les lui imposer en le rendant responsable du mal qu'on lui fait en dénaturant ses besoins. Ce n'est plus le besoin qui crée l'outil mais l'outil qui définit le besoin. Nécessité ne fait plus loi mais loi fait nécessité.
La lucidité est la hantise du pouvoir.
On lui demande de protéger les autres en sacrifiant sa liberté, son autonomie, ses droits, en minorant ses besoins, en niant sa valeur et sa place dans le monde, en faisant de la vie une marchandise, si bien que plus personne ne protège qui que ce soit et que tout le monde se noie en croyant voir une lumière au fond des abysses.
L'hypoxie intellectuelle heureuse est l'engrais du pouvoir.
On lui demande d'avoir peur de vivre, peur des autres, peur de souffrir, peur d'être coupable, peur d'être en faute, peur des virus, peur du climat, peur de la planète, peur de lui-même, peur que la guerre arrive chez soi, peur d'être exclu, peur d'être différent, peur de ne pas être différent, peur de choisir, peur de ne pas choisir, peur de se tromper, peur d'avoir peur. Et de croire que cette peur ne vient que de lui-même et que seuls quelques uns ont les solutions dont il a l'ignorance et que sa survie tient à sa seule obéissance aveugle du corps et de l'intelligence.
La peur est la chambrière du pouvoir.
Marie HURTREL