Brins de plume
Brins de plume, une touche de rouge sur la toile
Entre les ronces ont poussé un brin de sérénité, un fil de légèreté, une feuille de quiétude, un pétale de douceur, un lien sans fin sans lien et qui jamais ne se noue, et le rêve pour les cueillir.
Vite, le soleil en pluie sur le jour et les nuages, comme un rêve estival inondant le visage de la terre.
Parce que dans mes poches, il n’y a plus de cailloux, j’écris pour ne pas perdre ma route.
Mais je fouille, je fouille... voyons, voyons, dans mes poches il y a... quoi donc... trois rien, deux tout, un peut-être, des toujours, quelques hier, beaucoup de demain... ah, finalement de tout ça, je devrais pouvoir en faire une route
Une page, une autre page... posé le livre ouvert, les mots sont attendus au coin d’un rêve.
Les chats ne sont plus gris, à compter les tuiles citadines, ils dessinent un silence.
Le regard peint sur la toile d’un songe. Existe-t-il une couleur à l’émotion ?
Je la peindrais aux couleurs de fruits et de fleurs, d’orange et de roses, je soufflerais un peu de sable blond avant que la toile ne fige l’instant, que les grains brillent doucement, et l’encadrerais de bois de cannelier...
Et puis, j’enlèverais le conditionnel et la peindrai, soufflerai, l’encadrerai.
L’heure porte une douce nuit aux rêveurs, nuit aux étoiles, aux nuages, aux fleurs, à la rue, au silence, au chat sur le toit, à la lune étranglée, à l’encre qui parcourt le ciel et mes cahiers.
Un pétale de miel, un nuage de fleur, un sourire de terre, un soleil de nuit, une aube incertaine et le frôlement d’un rêve ouvrent le ciel...
Qu’y a-t-il sous la mer
Qu’y a-t-il dans une larme
Quand il pleut un baptême
Parce que s’accroche demain aux possibles. Entre deux pierres une violette a nargué l’hiver.
Les chats ne rôdent plus, il est l’heure de l’oxyde de carbone et des cafés de Christiane. C’est un matin debout sur le bitume, entre les roues de janvier et l’insolence mécanique de la ville.
Dites, madame Nature, vous ne pouvez pas les rapprocher un peu nos pays ?
Envie d’enrouler du câble sur les routes de hasards... le jour déjà franc enveloppe les toits des insolences boulevardines, il est temps de vivre.
© Marie Hurtrel