Brins de plume 6
Ce soir j’ai une envie d’envol, de disparaître, pour devenir transparente comme une Martha des neiges bleues...
La terre ne porte pas que des hommes...
La nuit n’est pas toujours dans le ciel...
Un mot, contre les maux...
Aucun mot en écho...
Douleur...
Mains...
Mal...
Le voyage des yeux absents
Ô Amour jamais tu ne ramènes à la terre le voyage des yeux absents, sur ce sol qui se crible de chaînes justifiées, tu parcours le silence comme on suit le vol des hirondelles. Il est temps de les suivre autrement qu’en rêve.
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Il pleut sur les rives de la Neva, et tu te caches pour parler à la lune.
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Que la nuit nous emporte où demain se tisse, sur la portée des songes.
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Il y a un nom qui dans un miroir reflète une lumière dont même la lune et son soleil ne sauraient briller. Je dois un poème à la vie et il porte ce nom.
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Ombre bienfaisante posée sur un paysage, un visage, elle est la couleur d’une encre et l’ancre des rêves, elle est l’eau d’un regard absent, elle susurre le chant silencieux des étoiles, elle recompose ce que le jour a disloqué. Elle est source et delta. La nuit.
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Au bord de la nuit, composant l’heure sombre, silencieuse, vide, j’écris un poème qui n’a plus d’adresse.
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Ce mardi, gros comme une horloge comtoise, accroche quelques retards de lectures à ses aiguilles et l’émotion en balancier. J’ai l’âme qui sautille sous un soleil qui ne veut se coucher quand l’heure se faufile entre les frontières par les mots effacées.
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La partition restée accrochée aux branches d’un cornouiller effeuillé ne ressemble plus à rien. J’ai bien quelques notes en tête, mais éparses, elles ne font que désordonner mes poèmes.
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L’orage est loin, les écubiers célestes ont coupé leurs liens électriques, la rue fleure la terre, et la ville luit encore de l’eau du ciel, rincée, calme, sans marque du temps autre que quelques fleurs de cotonnier accrochées à l’azur.
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Un livre sur les épaules, un rêve dans les mains, une encre sous la lune, la nuit avance en écrivant demain.
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Il m’éblouit, met du désordre à ma fenêtre, rappelle le temps qui passe, trouble mes couleurs, réveille mes pinceaux, pince ma saison par le bout du coeur. Le soleil de septembre.
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Chut... écoutez... un autre nocturne composé sous le ciel de septembre, sans notes, juste une musique du coeur, un battement...
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Dans l’instant qui se tisse entre les draps du silence, quand le ciel souffle encore son ombre et que les rêves s’accrochent à l’insolence, revient l’éclat d’un sourire.
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Dans un chemin tortueux où poussaient des fleurs et des épines, j’ai posé quarante-neuf pierres et mes couleurs, tourné autant de pages à mon carnet de route, soufflé autant de fois pour chasser la brume, vu s’éloigner autant d’horizons, et à chaque pas me suis étonnée du lever des étoiles et de l’aube qui déshabille.
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Aux rêves de la nuit succèdent les songes du jour quand un rayon de soleil envahit l’heure et le temps.
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J’ai planté un lilas sous les feuilles de la nuit, et je lui ai donné l’eau de mes poèmes, pour que fleurissent autant de mots que d’amour j’ai pour toi.
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© Marie Hurtrel