Un huit, comme en sang
Encore un.
Un huit de mars, comme les ides venant tôt pour fourbir le feu.
Une journée, un trois-cent-soixante-cinquième à dire un peu plus haut, à rappeler et réunir.
Torse parfois, le jeu de fête coupe l’intérêt, mais puisqu’il est d’un huit comme en sang, là-bas, ailleurs, ici, un jour se dit pour sonner l’alarme et nos larmes humaines.
Il n’y a pas de fête, il y a l’attente de l’humanité.
Parce qu’il y a celles qui attendent à genoux sur leur mort.
Il y a celle que l’on tue avant son cri premier, par son sexe reniée.
Il y a celle que l’on vend pour légaliser le viol, par son sexe dédiée.
Il y a celle que l’on torture pour exclure sa féminité, par son sexe condamnée.
Il y a celle que l’on enferme pour engager sa virginité, par son sexe dévolue.
Il y a celle que l’on éventre pour sermonner sa communauté, par son sexe politisée.
Il y a celle que l’on musèle pour entretenir son esclavage, par son sexe asservie.
Il y a celle dont on défonce le crâne pour inventer une société, par son sexe diabolisée.
Il y a celle que l’on brûle pour assouvir le désir de puissance, par son sexe assujettie.
Il y a celle que l’on oublie pour valider la sérénité, par son sexe minimisée.
Il y a celle que l’on dénude pour démontrer l’infériorité, par son sexe effacée.
Il y a celle que l’on accuse pour justifier son bourreau, par son sexe culpabilisée.
Un huit, comme en sang, il n’y a que l’attente de l’humanité.
Marie Hurtrel
8 mars 2013