Je nous souhaite de vouloir
Je nous souhaite de vouloir.
Qu'allez-vous croire ? Rien, bien sûr. Ne croyez rien, et moi non plus. Je m'avancerais à entamer avec l'idée de vos suppositions, un texte dont je ne connais pas la forme finale, poésie, lettre, manifeste... qu’importe… mais dont le fond me chatouille les synapses depuis du temps en lustres compté. Rien à croire donc, juste à lire, sans cible sans doute... non, non, non… à tous je m'adresse, mais à toi d'abord qui te nommes enfin, sous le signe de notre vie, de nous, pour et parce que, puisque je regarde deux mains tendues vers demain. Ensemble. Tu me liras d'abord, comme tu m'as lue déjà, et mes mots ensuite. Deux mains, nos mains, et un printemps qui pousse en hiver. J’écris parce que toi, ce que j’espère puisque toi. J’ai ouvert ma porte, et tu sais. Et j’écris plus loin que ça.
Que la machine retourne à ses outils, elle n'est pas conçue encore, je l'attends, l'espoir grugeant l’espoir de fait, fallait pas demander quelque chose d'aussi complexe (cf. Lettre égoïste au Père Noël). Il faut du temps. Du temps dit-on. Pour tout. Elle viendra. Mais.
Du temps pour tout, il en faut évidement, mais dans le vague et le flou il est tellement facile de projeter une gestation sur une autre. L'humanité est si jeune et si vieille, dans son âge qui danse, qu'à chaque projet les années en lettres de patience tissent utopie ou bousculade, à raisonner le possible par le sacré et l'héritage, à renvoyer ce possible réviser ses humanités...
Du temps à prendre et la patience sacralisée par le don, l'offre parcellaire de la miette qui sauve davantage la tranquillité de la conscience qu'autre chose. Et surtout l’implication d’une logique intouchable. La leçon sera prise qu’on ne touche pas à ce qui tient en équilibre choisi instable, au risque de la déconvenue (cf. Les réparateurs). Tout est fait pour que le mécanisme du monde tienne debout, branlant de base et clignant du fait. Quand j’habite la façade proprette posée sur le visage défait d’une terre creusant sa faim par le dégoût, pensez-donc que j’ai jeté un œil derrière cette façade.
Acide.
Ô Temps qui sulfure et lacère, égorge le cri, éventre la mère à boire l’amniotique amer…
Avide.
Mais temps advenu à se donner enfin de cesser de boire le bouillon des onze heures du recompter les pierres des ruines de nos âmes délétères. Ce temps de l’instant enfin d’espérer par le faire. Puisque le printemps peut aussi naître en hiver…
Je nous souhaite de croire autrement, et de ruiner l’abdication dans une autre lumière écrasant ténèbres et démarcations.
© Marie Hurtrel