L'heure du voeu de l'heur, et réciproquement

C'est l'heure de l'heur et du temps des promesses de compassion, et des vœux de tout à tout va. Alors voeu, un ! faisons. Si vous voulez.

Non, point d'incitation qui tomberait en promise du cercle jamais vertueux, mais juste quelques mots. Mots jamais justes au fond, puisqu'au tréfonds de nos failles particulières, leur source ils prennent. Pourtant, le fond du fond et nos failles ne peuvent être que lumière et relief et nos doigts ne sont pas aveugles, eux. Clair. Obscur. Il ne faut qu’avoir touché d’une bougie la flamme pour comprendre la lave. Je crois !

Il n'y a plus rien à compter que l'on compte encore, et en lettres exilées ce qui s'écrit s'ignorerait si de l'encre, un fleuve édulcoré l'on faisait. C'est alors à la pêche aux galets que le fil des intentions se perdrait. Trop de lisse en peut-être et possible cousus du fil d'attente et brodés de patience.

Lambda-moi est un on, ou plutôt on est lambda-moi, c’est un voisin, un frère, un parent, un prochain, un alter sans ego, un ego sans géographie, un axe mal centré, la jambe qui manque au pont pour traverser l'océan des plates habitudes et la rue sans domicile. C'est un organe qui s'entête à se taire... au fond du normal, du décennal, du séculaire, du traditionnel, du culturel, gavé du reflet distordu du temps qu'il faut. A qui, à quoi, du temps au temps pour inventer le rien et le perpétuel.

Point de vagues, point de marées, juste le nom de la source, et encore, et le delta des rémissions qui s'engouffrent dans le brouillard les justifications de jeunesse humaine et d'inchangeabilité de la nature... déshumaine !
Parce que déjà, on continue !
Et la nausée ne se puise qu'à la mer alcoolisée des festives illusions. Oubliant la torture des ventres carêmisés de la naissance à la mort. 
Morts de faim, de soif, de chaînes, de draps, de fers, de baillons, de mensonges, de vitriol, d'économies du geste et du verbe !
Une lame entre les reins et les frontières saignant de toutes leurs lèvres aux gerces hivernales.
Même au Sahel.
Surtout.
Même sous la neige.
Partout.
Même là, sur nos boulevards, entre les écarts qui protègent du dégout de ceux qui boivent nos absences et les décharges égoutières.
Et d’un pas de côté, la peur se fait bouclier, des fois que la puanteur de la misère soit contagieuse…
Savez-vous qu’il n’est point besoin de lames pour tuer ? D’ailleurs il n’y a pas besoin de tuer pour tuer. Pas besoin d’armes métalliques, pas besoin de bombes, pas besoin de guerres, ah, oui, vous savez.

Il y en a quand même qui pensent que la guerre nourrit, et c’est vrai, n’est-ce pas ? Il faut bien qu’on se batte quelque part pour vendre les inventions mortelles… sur le dos de la démo-n-cratie, mais si la mort est ailleurs, qu’est-ce que cela gêne ?
Il faut bien vivre… comme quoi un sourire de ventre repu se gagne, et le combat se justifie. Surtout bancal, surtout inégal. Il suffit de détruire pour se paraître utile à reconstruire…
Acide le serpent dont la raison résonne du vide sous cloche.
Et le champignon hallucinogène de nos centrales qu’on devrait peindre en rouge sous taches. Il faut bien faire briller les rues, cela vaut de s’asseoir sur une bombe.

M'enfin, soyons joyeux sous voeux comme des papillons légers à l'inconscience bénie des banques et des plateaux lourds de la balance inégalité.
J’écris, j’écris, et me fiche, là, qu’on me comprenne. Il y en a qui. C’est déjà ça.
Dépit.

Mais j’en reviens à mon objet : vœu !

Un seul voeu qui suffira pour cette année et plus si infinité : je vous souhaite de perdre patience.

© Marie Hurtrel